Catégorie : Mes lectures

Sorties Poches de Janvier 2006

Après un mois de décembre plutôt morne, Janvier sera riche en sorties poche!



On commence par deux titres dont je vous ai parlé sur ce blog, La reine du
silence
de Marie Nimier (pas mal, sortie le 12 janvier) et L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon (excellent roman,
sortie le 4 janvier)

Deux autres titres déjà lus: Le dernier roman de Jim Harrison, De Marquette à Véracruz auquel je n’avais pas vraiment
accroché (sortie le 5 janvier chez 10/18) et La cité des jarres d’Arnaldur Indridason (très bon polar, sortie le 12 janvier).



Sortie également de L’âme du chasseur de Deon Meyer, classé par le magazine Lire dans les 20 meilleurs livres de
2005 (sortie le 5 janvier, Points seuil)

Début janvier sortiront également en poche Effacement de Percival Everett,
Trois femmes de janet Haigh (j’ai lu), Shutter Island de Denis Lehane (Rivages Poche), La nuit de l’oracle de Paul Auster, ou encore

La treizième mort du chevalier de Daniel Picouly.

Du côté des séries jeunesse, à signaler aussi la sortie du 3ème tome
d’Artemis Fowl et du 4ème volume des Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire.

La route de tous les dangers – Kris Nelscott


1968, la tension est grande à Memphis: une grève paralyse la ville et nous sommes à quelques semaines de l’assassinat de Martin Luther King. C’est dans ce contexte orageux que Smokey Dalton, un détective noir, reçoit la visite de Laura, une jeune femme blanche qui cherche à comprendre pourquoi sa mère lui a légué une importante somme d’argent. Smokey se retrouve alors sur la piste de son propre passé et de la mort brutale de ses parents.

“La route de tous les dangers” pioche dans plusieurs genres, à la fois polar, roman noir, chronique sociale, épisode historique… Ce roman original nous replonge dans une communauté afro-américaine en pleine crise: le racisme quotidien et la cohabitation difficile avec la population blanche, la violence des quartiers défavorisés, les positions radicales des Blacks Panthers, la figure malmenée de Martin Luther King. La fiction se mêle habilement à la réalité, et le personnage principal , qui s’interroge sur le rôle qu’il doit jouer dans sa communauté, se retrouvera un peu malgré lui pris dans la tourmente de l’histoire. Seul bémol, des dialogues trop présents alourdissent un peu le style et ralentissent inutilement l’intrigue. Mais que cela ne vous décourage pas de lire ce roman qui nous éclaire sur un tournant décisif de l’histoire des Etats-Unis, tout en offrant un très bon moment de détente.

Editions de l’aube, 378 pages, 21€
Sélection Polar Grand Prix des lectrices de Elle 2006

Les cerfs-volants de Kaboul – Khaled Hosseini


Dans l’Afghanistan encore paisible des années 70, Amir et Hassan passent une enfance heureuse. Bien qu’ils appartiennent à deux castes différentes (Amir est le fils du maître Pachtoune et Hassan le fils du domestique Hazara), les deux enfants sont inséparables. Prêt à tout pour attirer l’attention d’un père méprisant, Amir tournera pourtant le dos à Hassan quand celui-ci aura le plus besoin de lui. Rongé par la culpabilité, il ne trouvera l’occasion de se racheter que bien des années plus tard…

Khaled Hosseini mêle le charme du conteur oriental à l’efficacité du romancier anglo-saxon dans ce récit initiatique aux thèmes universels, l’amitié, la loyauté et la trahison. On hésite entre compassion et agacement pour Amir, personnage ambigu, à la fois pathétique dans sa faiblesse et désarmant dans sa culpabilité.

Ce roman est aussi un formidable document sur la culture et l’histoire afghanes. L’auteur apporte un point de vue intimiste – et sans doute en grande partie autobiographique – sur ce pays vers lequel tous les regards se sont tournés au lendemain du 11 septembre 2001: Les ravages de la guerre avec les soviétiques, le régime de terreur instauré par les Talibans, mais aussi les affres de l’exil et la façon dont la communauté Afghane s’organise aux Etats-Unis. Une réussite!

Editions Belfond 2005, 383 pages, 20€
Sélection Roman du Grand Prix des lectrices de Elle 2006

La petite fille de Monsieur Linh – Philippe Claudel


Après la mort de son fils et de sa belle-fille, Monsieur Linh quitte son pays ravagé par la guerre. Il emmène avec lui sa petite-fille Sang Diü (“matin doux”), sa seule raison de vivre désormais. Hébergé dans un dortoir impersonnel, il découvre un nouveau pays où tout lui est inconnu, froid, sans odeur ni saveur. Un jour pourtant, il rencontre Monsieur Brac, un homme bavard et chaleureux qui vient de perdre sa femme. Au-delà de la barrière de la langue, les deux hommes vont unir leurs solitudes.

Ce roman commence de manière déconcertante, comme un gentil conte un brin désuet et simpliste. L’écriture est sobre à l’extrême, et l’on suit les petits pas de Monsieur Linh avec compassion et tendresse, mais sans passion, en se demandant où nous mène ce charmant vieux monsieur. Et puis brusquement, une révélation inattendue apporte une profondeur vertigineuse au personnage. Les thèmes de la solitude, de l’amour ou du deuil  prennent une nouvelle dimension et l’on saisit alors toute la force de ce portrait fragile et délicat.

Stock 2005, 159 pages, 15.50€

Lucky – Alice Sebold


Au début des années 80, Alice Sebold a 18 ans et suit des études à Syracuse. Un soir, sur le chemin de sa résidence universitaire, elle est sauvagement agressée et violée. Vingt ans plus tard, elle revient sur ce traumatisme: Le viol, la peur, l’agresseur reconnu dans la rue, le procès, la vie qui doit reprendre malgré tout. Dans cet autoportrait sans concessions, elle redevient cette jeune fille brisée en deux, qui cachait sa fragilité, son malaise et sa solitude sous des allures de fanfaronne. Elle raconte le soutien bancal et maladroit de sa famille, la gêne des amies,  la fascination des inconnus ou le dégoût des “gentils garçons”.

Ce récit cru et puissant offre un éclairage intéressant sur “La nostalgie de l’ange”, dans lequel Alice Sebold tentait déjà d’exorciser ses démons. Dans ce roman publié en 2003, elle mettait en scène Suzie, une adolescente de 14 ans violée et assassinée, qui observait la vie terrestre depuis son petit coin de ciel. Dans “Lucky”, Alice Sebold laisse tomber le masque du romanesque. Sans fard ni pudeur, sans se soucier du politiquement correct, elle crache sa haine pour son violeur. Un témoignage percutant!

Nil éditions 2005, 322 pages, 19 €
Sélection Prix Elle 2006