Catégorie : Lectures – Classement par Genre

[Roman YA] Never Sky – Veronica Rossi

Depuis que l’éther a envahi le ciel, la plupart des humains (Les Sédentaires) se sont réfugiés dans de gigantesques capsules totalement coupées du monde extérieur. Seuls quelques irréductibles (les Sauvages) vivent encore dehors. Accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, une jeune fille de 17 ans, Aria, est expulsée de sa capsule. Seule dans ce monde hostile qu’elle ne connaît pas, elle s’allie avec un Sauvage, Perry,  pour tenter de  retrouver sa mère dont elle est sans nouvelles depuis plusieurs semaines. En aidant Aria, Perry espère quant à lui retrouver son neveu enlevé par les Sédentaires.

Un livre que j’avais gagné il y a quelques mois chez Mélo (un grand merci à elle ainsi qu’aux éditions Nathan), et qui fait partie de mes coups de cœur 2012.

Un monde post-apocalyptique et hostile, deux êtres que tout oppose, une héroïne en danger et un bel inconnu qui vole à son secours, une histoire d’amour intense mais impossible… On retrouve ici pas mal d’éléments communs aux séries de dystopie qui ont envahi les librairies ces derniers mois, mais tout est ici admirablement bien dosé et j’ai trouvé ce premier tome très agréable à lire. Le principal intérêt de ce premier tome est surtout l’opposition entre deux mondes. D’un côté le monde extérieur, ravagé par l’éther, où vit Perry,  de l’autre l’univers futuriste et aseptisé dans lequel vit Aria, où toutes les menaces (les maladies notamment) ont été éradiquées. Les humains vivent désormais dans des cocons ultra-sécurisés et un SmartEye greffé sur l’œil leur permet d’évoluer dans des mondes virtuels qui reproduisent les sensations du monde extérieur et qui leur procurent loisirs et plaisirs.

J’ai beaucoup aimé l’aspect charnel du récit et l’importance donné aux sens:  Certains « sauvages » ont développé leurs sens à l’extrême, la vue, l’odorat ou l’ouie, alors que les sens des Sédentaires se sont émoussés avec le temps et leur fréquentation des mondes virtuels. En se retrouvant à l’extérieur, Aria va donc devoir réapprivoiser son corps, réapprendre à respirer, à sentir, à voir, à toucher… Ce qui va en plus donner une autre dimension à sa relation avec Perry.

Alors que bien souvent dans les romans YA les héroïnes sont rebelles et réfractaires à l’autorité, Aria est plutôt satisfaite de son sort, et c’est bien malgré elle qu’elle va devoir quitter son univers confortable. Perry est lui particulièrement séduisant avec son côté ours mal léché… La rencontre entre Aria et Perry, entre ces deux mondes et deux personnalités radicalement différents, va être intéressante et explosive, même si on se doute que ces deux là vont vite s’apprivoiser. Une belle entrée en matière, j’ai hâte de découvrir la suite (pas avant l’automne prochain malheureusement !)

Never Sky de Veronica Rossi, éditions Nathan 2012, 389 pages/

[Albums] “Zoo fermé pour travaux” et “Dans ma rue”

Après Les gratte-ciel, suite de la sélection pour le Prix des lecteurs du Festival Rue des livres, toujours sur le thème de la ville.

Zoo fermé pour travaux – Jean-François Dumont
(Editions Kaleidoscope 2012)

Un papa voulait emmener son petit garçon au zoo, mais quelle déception, il est fermé pour travaux. Sur le chemin du retour, pour rendre le sourire à Petit Pierre,  son papa va lui raconter que les animaux au chômage pendant les travaux du zoo ont été autorisés à sortir dans les rues de la ville: Cette dame qui vient de passer d’ailleurs, n’était-ce pas une girafe déguisée? A la terrasse de ce café,  voilà un pélican qui sirote une limonade, et puis un orang-outang qui fait la circulation, un zèbre qui achète des lunettes, un zébu, un morse… D’abord Petit Pierre ne croit pas son papa, mais il va progressivement se prendre au jeu et ils vont tous deux réinventer la ville.

Zoo fermé pour travaux est sans doute d’une forme plus classique que d’autres titres de cette sélection, mais c’est un très joli album, poétique et émouvant, sur la complicité entre un père et son fils.


Dans ma rue – Remi Saillard
(Editions Escabelle 2012)

Un album sans texte dans lequel on visite les différentes maisons d’une petite rue: maisons familiales, ultra-design ou cossue,  petit immeuble… A chaque fois une double page nous montre l’extérieur d’une maison, puis la double page suivante nous présente l’intérieur de cette même maison. Des petites fenêtres permettent au lecteur d’apercevoir la page suivante (soit l’intérieur de la maison, soit l’extérieur de la maison suivante donc).

Chaque personnage à l’extérieur puis à l’intérieur vaque à ses occupations, lecture ou jeu vidéo, ménage, bricolage, jardinage, cuisine, bain des enfants… Les fenêtres découpées, les passants, de petits animaux qui vont de maison en maison permettent de faire le lien entre les différentes pages et les habitations qui se succèdent, pour donner cette impression de continuité de la rue.

Un univers débordant de couleurs et de vie, un album à observer plus qu’à lire, qu’on ne se lasse pas de feuilleter encore et encore pour y découvrir à chaque fois de nouveaux détails.

[Sortie Poche] Les revenants – Laura Kasischke

(A l’occasion de la sortie en poche de Les revenants de Laura Kasischke, un de mes coups de cœur 2012, je vous propose une rediff de mon billet publié il y a quelques mois)

Nicole, une jolie et brillante étudiante, est tuée dans un accident de voiture provoqué par son petit ami Craig. Malgré l’hostilité générale Craig revient l’année suivante à l’université où il est accueilli par son colocataire Perry, qui peine lui aussi à se remettre de la mort de Nicole et s’est inscrit aux cours de Mira, une enseignante spécialisée dans l’histoire des pratiques funéraires. Craig ne se souvenant de rien, les circonstances de l’accident restent assez floues, et les informations du journal local ne corroborent pas celles de l’unique témoin de l’accident, Shelly. Et si Nicole n’était pas en plus la personne charmante et délicate qu’elle paraissait être ? Bientôt des phénomènes étranges surviennent sur le campus.

C’est le 6ème livre de Laura Kasischke que je lis (après Rêves de garçons, La couronne verte,… Sous leurs airs plutôt légers, traitant de la middle-class américaine, se cachent des romans d’une profondeur insondable dans lesquels la cruauté de la nature humaine finit toujours par vous exploser en pleine face. Les revenants est un roman choral qui alternent les points de vue, avant et après l’accident, de Craig, le petit ami de Nicole, de Perry, le colocataire de Craig, de Shelly, témoin de l’accident, et de Mira, une enseignante qui se débat dans des problèmes de couple. Chacun détient une petite part de la vérité et l’histoire se construit peu à peu comme un fragile château de cartes. Laura Kasischke a un talent inégalable pour créer une atmosphère de malaise, pour perdre et perturber son lecteur. A la fois campus novel (avec une plongée du côté sombre des sororités américaines, le pendant féminin des fraternités), drame psychologique, thriller, enquête surnaturelle, Les revenants est un roman inclassable et foisonnant dont on ressort complètement étourdi. C’est un livre qui m’a souvent empêché de dormir (je suis une vraie chochotte, et tout ce qui touche au surnaturel me colle des angoisses), mais quand on referme ce roman on se dit que les vivants peuvent être parfois bien plus terrifiants que nos morts.

Editions Le livre de Poche 2013, 672 pages/

[Album] Les Gratte-Ciel – Germano Zullo & Albertine (Sélection Rue des Livres)

Tous les ans en mars se tient à Rennes le festival Rue des Livres, et cette année est organisé pour la première fois un Prix des Lecteurs catégorie Albums Jeunesse (il existe aussi une catégorie romans adultes depuis l’année dernière) sur le thème de la ville. Les lecteurs sont invités à voter pour leur album préféré jusqu’au 31 janvier dans le réseau de bibliothèques et dans certaines librairies de Rennes. Les 6 ouvrages sélectionnés sont:

“La maison en petits cubes” de Kenya Hirata et Kunio Kato
“Mon voisin” de Marie Dorléans et Guillaume Gallienne
“Dans ma rue” de Rémi Saillard
“Zoo fermé pour travaux” de Jean-François Dumont
“Les gratte-ciel” de Germano Zullo et Albertine
“Rue de l’Articho” (Collectif d’auteurs)

Sans ce Prix des lecteurs, je ne me serais sans doute jamais intéressée à l’album Les gratte-ciel de Germano Zullo et Albertine, la couverture étant un peu austère à mon goût. Et ça aurait bien dommage de passer à côté de cette jolie pépite!

A gauche, la maison d’Agenor-Agobar Poirier des Chapelles. A droite, la maison de Willigis Kittycly Junior. Les deux maisons vont grandir en parallèle, au gré des extravagances de leurs propriétaires richissimes. Les architectes “les plus chers du monde” se succèdent au chevet de ces constructions délirantes. Jardin suspendu, salle de cinéma, piscine à vagues, salle de billard, cabinet de curiosité… mais aussi tigre du Bengale, fauteuil en cuir de rhinocéros blanc, yacht ou jet de luxe, pin de 4275 ans, baignoire en bois d’ébène…

Un album en noir et blanc, tout en hauteur, qui joue beaucoup sur la mise en page: Si au début de l’album les deux maisons n’occupent que le bas de la page, elles vont s’élever progressivement jusqu’à atteindre le haut de la page. Il y a peu de texte, juste des annotations indiquant les nouvelles acquisitions des deux hommes et la fonction de leurs nombreux employés de maison. Évidemment la fin nous montrera que l’argent ne fait pas le bonheur… Un très bel album fin et original sur la folie des grandeurs!

Editions La joie de lire 2011,  38 pages.

[Album] Dans les jupes de maman – Carole Fives & Dorothée de Monfreid

Un album qui prend au pied de la lettre l’expression “dans les jupes de sa mère”. Un petit garçon ne veut pas quitter les jupes de sa maman. C’est qu’on y est bien dans ces jupes douces, soyeuses, colorées et qui sentent bons (elles sentent maman quoi!).

Les jupes sont des petits rabats que l’on peut soulever pour y découvrir les activités du petit personnage: on peut  faire plein de choses à l’abri dans une jupe de maman, danser, nager, se déplacer partout avec elle. Et même y inviter des copains comme Mathias, qui pense que vous êtes un bébé.  Mais heureusement les jupes sont équipées d’un toboggan qui permet parfois d’aller jouer à l’extérieur avec les autres enfants. Et si maman y met un peu du sien, l’enfant pourrait même rester dehors un peu plus longtemps!

C’est un joli album sur la difficulté à quitter le giron maternel et à prendre son envol, avec une chute délicieuse. J’ai beaucoup aimé le style graphique et moderne basé sur le noir, le blanc et le rouge, et le côté ludique des rabats. A glisser dans les mains des petits à partir de 3 ans et dans celles de leurs mamans poules.

Dans les jupes de maman de Dorothée de Monfreid (son blog) et Carole Fives, éditions Sarbacane 2012 /