Catégorie : Lectures – Classement par Genre

La vie de bureau – Jean-Michel Delacomptée

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Encore un livre lu pour le Prix Fnac. Je renonce à vous faire
un résumé en bonne et due forme de ce roman… Disons qu’un sexagénaire à l’existence insipide tente de séduire l’une de ses jeunes collègues aux dents longues, en tous points opposée à lui. Je me
suis rapidement ennuyée avec ce personnage vieillot et réactionnaire. On s’englue dans ses bavardages interminables sur son combat quotidien contre le bruit, sur sa passion du baiser,
sur son rêve d’une retraite tranquille. L’intrigue minimale n’est finalement qu’un prétexte à une suite de discours plutôt creux sur la vie moderne.  Au prix de redoutables efforts, j’ai
réussi à lire 150 pages, soit environ la moitié du roman, avant de renoncer et de laisser ce livre de côté. C’est d’autant plus dommage que le style est très élégant, et qu’il aurait fait
merveille au service d’un contenu plus consistant ! Mais “La vie de bureau” est à l’image de son personnage, sans relief et sans saveur.
Calmann-Levy 2006, 284 pages, 17 euros

La guerre des légumes – Peter Sheridan

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Un soir, Philo trouve refuge dans un
couvent dublinois, bien décidée à entrer dans les ordres pour échapper à la pauvreté et à la violence de son mari. Son physique imposant, ses tatouages, son langage fleuri et son
franc-parler n’en font pourtant pas la candidate idéale pour une vie de silence et de contemplation! Grâce à sa générosité sans bornes, elle réussira pourtant  à se faire apprécier de tous,
et parviendra même à trouver une solution à la guerre entre deux marchands de primeurs, un affontement qui agite le quartier depuis plusieurs décennies.

Après le pire, le meilleur ! “La guerre des légumes” est le titre  que j’ai
préféré dans cette sélection Fnac. La trame est un  peu mince, mais le personnage de Philo porte ce roman sur ses
larges épaules avec une truculence tellement séduisante! Loin des héroïnes propres et lisses, elle étonne, agace, gêne, amuse et émeut tour à tour. Elle sème la panique dans un couvent,
joue les marieuses, secoue ce quartier populaire de Dublin… Mais sous ses excentricités sont tapies bien des douleurs, de son enfance meurtrie à son mariage malheureux, de l’abandon
de ses 5 enfants à son fils aîné qui s’enfonce dans la délinquance…  Sans jamais cesser d’aider les autres, Philo finira par comprendre comment s’aider elle-même. “La guerre des légumes”
est vraiment un beau portrait de femme, un livre débordant d’amour et de tendresse.
Vous pouvez lire le premier chapitre ici !
Lattès, 300 pages, 20€

Julien Parme – Florian Zeller

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Julien Parme a 14 ans et entretient des rapports très conflictuels avec sa mère, son beau-père et la fille de celui-ci. Alors que sa mère lui a interdit de se rendre à une
soirée chez Mathilde, la fille dont il est amoureux, Julien fugue. S’ouvre alors devant lui une nuit de liberté et d’errances dans les rues de Paris, faite de rencontres, et de questionnements
sur son passé (la mort de son père) ou son avenir (sa carrière de grand écrivain).

Voilà donc l’un des quatre titres que j’ai lu pour le prix
Fnac
. Florian Zeller est une cible privilégiée des médias, et bien avant la sortie de Julien Parme, le roman se faisait déjà descendre ici et
. Je n’aime pas hurler avec les loups, et j’ai donc essayé d’aborder ce livre sans
a-priori. Malheureusement, 300 pages plus tard, il faut bien me résoudre à rejoindre la meute… L’auteur a jeté tout ce qui fait la complexité et la richesse de l’adolescence pour réduire son
personnage à une triste caricature bête et égocentrique. Sans nuances et sans profondeur, Julien Parme n’est qu’une tête-à-claques que ses quelques failles (la mort de son père) ne parviennent
pas à rendre plus intéressant ou plus touchant. Le style, qui imite maladroitement le langage des adolescents (version beau quartier) est grotesque et agaçant, les tentatives d’humour tombent
complètement à plat. Un roman ennuyeux, froid et superficiel, qui manque de coeur et de sens, tout à fait optionnel dans cette rentrée littéraire.
Flammarion 2006, 302 pages, 17€

Blanche ou la triple contrainte de l’enfer – Hervé Jubert

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Paris, 1870. Les Prussiens s’apprêtent à encercler Paris, et les habitants fuient en masse vers la province. Dans la confusion, une jeune fille de 17 ans, Blanche Paichain, est séparée de sa famille, et manque le dernier train qui quitte la capitale. La situation n’a pas que des inconvénients, puisque Blanche est désormais libre d’aider son oncle Gaston Loiseau, commissaire de police, à résoudre une enquête sur une série d’assassinats visant des hommes portant tous le même tatouage.

Parvenue avec beaucoup de difficultés à la moitié du livre, j’ai hésité à abandonner ma lecture. L’auteur reconstitue avec minutie tous les aspects de la capitale assiégée, évoque en détails la passion pour les sciences de la jeune Blanche. A vouloir être ainsi exhaustif, le roman manque vraiment de simplicité et de fluidité. Les nombreuses descriptions, notamment des coins célèbres de Paris, sont trop présentes, trop scolaires à mon goût, et alourdissent le propos. J’ai persisté (j’ai toujours beaucoup de scrupules à abandonner un livre) et bien m’en a pris. La suite du roman adopte un rythme moins haché et ne manque pas d’arguments: des personnages vivants et attachants, une intrigue complexe et prenante, un décor et une atmosphère envoûtants. Réconciliée avec Blanche, j’envisage même de lire la suite de ses aventures (Blanche et l’oeil du grand Khan).

Albin Michel 2005, 441 pages, 15€

La joueuse d’échecs – Bertina Henrichs

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Eleni vit avec son mari et ses deux enfants sur l’île grecque de Naxos. Femme de ménage dans un hôtel, elle mène une vie plutôt monotone, jusqu’à ce qu’elle se
découvre un intérêt profond et inattendu pour les échecs. Mais cette nouvelle passion va lui attirer les moqueries des gens de l’île et la colère de son mari. Eleni trouvera du
réconfort auprès d’un vieux professeur qui l’aidera à maîtriser l’art des échecs et à affronter le regard des autres.
J’ai plutôt aimé le cheminement de cette femme un peu frustre qui, grâce à sa passion, va s’ouvrir au monde et s’émanciper, découvrir une vie au delà du
dévouement familial et du carcan des bienséances locales. Le lien qu’Eleni tisse avec le vieux professeur (le personnage le plus abouti, le plus émouvant) reste cependant pour moi l’aspect
le plus intéressant du roman. La qualité de l’écriture est aussi à souligner, d’autant que l’auteur, d’origine allemande, a écrit ce roman directement en français.
J’ai été moins convaincue par la partie du récit qui décrit le scandale que provoque la passion d’Eleni, la façon dont elle est moquée, rejetée par la société et par
sa famille. J’ai trouvé cet aspect peu crédible, ou du moins assez mal amené. Par ailleurs, bien que ce roman soit assez court (150 pages), j’y ai trouvé quelques longueurs, qui me font
penser que la forme de la nouvelle aurait été plus appropriée à cette histoire. Malgré ces quelques réserves, “la joueuse d’échecs” est un joli portrait de femme, assez classique, mais agréable à
lire.
Liana Levi 2005, 151 pages, 15€