Catégorie : 4 étoiles – Recommandés

[Roman Jeunesse] Gregor Tome 1: La prophétie du gris – Suzanne Collins

L’été ne s’annonce pas très folichon pour Gregor, un jeune New-yorkais de 11 ans : Au lieu de partir en colonie de vacances avec sa sœur Lizzie, le voilà condamné à surveiller sa grand-mère qui perd un peu la tête et sa petite sœur de 2 ans, Moufle,  pendant que sa mère travaille. Son père, lui, a mystérieusement disparu deux ans plus tôt. Mais un jour  Moufle tombe dans un trou situé dans la buanderie de leur immeuble, et Gregor n’a d’autre solution que de s’élancer à son tour. Ils découvrent alors qu’existe sous New-York un monde souterrain à la fois fascinant et effrayant, peuplé d’humains, mais aussi de chauve-souris, de cafards et de rats géants.  Gregor ne pense qu’à une chose, remonter à la surface avec sa petite sœur, mais les habitants de Souterre ne semblent pas vouloir le laisser partir.

La série des Gregor compte 5 tomes, dont 4 ont déjà été traduits en français (le tome 4 “La Prophétie des Secrets” vient tout juste de sortir).  Elle a été écrite par Suzanne Collins avant sa trilogie Hunger Games et s’adresse à un lectorat beaucoup plus jeune, à partir de 10 ans environ.

Si cette version moderne d’Alice au pays des merveilles n’a pas grand-chose en commun avec Hunger Games, on retrouve le talent de Suzanne Collins pour insuffler un rythme trépidant à son histoire, pour multiplier les rebondissements et rendre ses personnages particulièrement attachants. Gregor est un jeune garçon courageux, généreux, et j’ai totalement fondu pour sa petite sœur Moufle, qui a le même âge que ma fille. Et alors que j’ai une vraie phobie des insectes et autres petites choses rampantes, j’ai même réussi à être émue par un cafard géant! C’est un très chouette roman d’aventures, et ce premier tome promet une belle série,  même si je me demande si l’auteur parviendra à se renouveler et à maintenir l’intérêt du lecteur sur 5 volumes . Affaire à suivre!

*Lu en numérique*
Gregor Tome 1: La Prophétie du Gris de Suzanne Collins, Hachette 2012, 288 pages –

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Challenge 50 états, 50 billets (Etat: New York)

[Roman YA] Divergente 2 – Veronica Roth

Attention si vous n’avez pas lu le tome 1 de cette série, cet article vous révèlera des éléments importants de l’intrigue. Si vous voulez découvrir cette série, je vous invite à lire plutôt mon billet sur Divergente 1.

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Depuis que les Erudits ont manipulé les Audacieux pour massacrer les Altruistes, les différentes factions sont en guerre. Dans un monde à feu et à sang, Tris a tout perdu, sa faction, son foyer, ses parents, et elle reste hantée par la mort de son ami Will. Avec son petit ami Quatre et son frère Caleb,  elle doit désormais trouver des alliés pour lutter contre la menace des simulations orchestrées par les Erudits.

Un 2ème tome qui s’avère d’abord surprenant et un peu frustrant, puisque tous les repères du lecteur volent en éclats, le monde qu’il a connu dans le 1er volume n’existe plus. Le personnage de Tris a lui-même profondément changé après  toutes les épreuves qu’elle a du endurer à la fin du premier tome. Désormais orpheline, elle est aussi dévorée par la culpabilité d’avoir du exécuter son ami Will pendant la simulation. On la sent même au bord de la dépression, prête à braver un peu trop souvent la mort et les ennuis. Plus fragile psychologiquement, elle est aussi moins forte physiquement, la peur et une épaule blessée l’empêchant de se battre comme avant. Loin de me déplaire, j’ai trouvé que cette nouvelle fragilité la rendait plus attachante que dans le 1er tome.

Elle est aussi très seule, ne sachant plus vraiment à qui se fier… les ennemis d’hier seront les alliés de demain et inversement. Elle ne peut même plus se reposer sur Quatre (aux prises avec ses problèmes familiaux) et leur relation passe un peu au second plan.

Un 2ème épisode déroutant où chacun se cherche et qui m’a laissé un peu sur ma faim, mais qui montre que Divergente est une série capable de se renouveler et de surprendre le lecteur. A la fin du premier tome j’espérais surtout savoir ce qui se cachait au-delà de la clôture. Ce 2ème tome n’apporte pas encore de vraie réponse, mais une révélation à la toute fin du livre donne un indice essentiel sur la nature du monde dans lequel Tris et ses compagnons évoluent. Evidemment je suis impatiente de lire le 3ème tome (qui sortira à l’automne 2013) pour en savoir plus!

Divergente 2 de Veronica Roth, éditions Nathan 2012, 462 pages –

[Roman] Park Avenue – Cristina Alger

Le site Entrée livre organise chaque semaine l’opération Jeudis Critiques: En début de semaine une liste d’ouvrages est proposée aux lecteurs, chacun se positionne sur le livre de son choix avant jeudi minuit, puis un tirage au sort désigne les heureux destinataires. En échange, le lecteur s’engage juste à publier sa critique sur Entrée Livre. C’est ainsi que j’ai pu recevoir et lire en avant-première ce roman de Cristina Alger qui ne sortira en librairie que le 1er février.

En épousant Merrill, Paul est entré dans la prestigieuse famille des Darling.  Quand il perd son emploi en 2008, son beau-père lui propose le poste d’avocat général au sein de son fonds spéculatif. Paul aimerait garder son indépendance, mais il lui faut désormais assurer le train de vie new-yorkais auquel il est maintenant habitué, lui qui est né dans une famille modeste de Caroline du nord. Deux mois plus tard, pendant le week-end de Thanksgiving a lieu un drame, le suicide d’un proche de la famille, qui en cache un autre: une gigantesque escroquerie financière. Paul va alors devoir choisir, collaborer avec les autorités et trahir sa belle-famille ou se taire pour les protéger.

Les Darling ont tout, l’argent, le pouvoir, la célébrité. Ils possèdent de superbes  appartements à New-York, de charmants cottages dans les Hamptons où ils vont jouer au tennis le week-end, ils offrent de belles études et de beaux mariages à leurs enfants, organisent des galas de charité pour se donner bonne conscience. Rien ne semble pouvoir leur résister, et pourtant…

Si Park Avenue est une fiction, l’auteur s’est clairement inspirée de la crise financière en 2008 aux Etats-Unis, des affaires Madoff et Lehman Brothers.  Un milieu que Cristina Alger connaît bien puisqu’elle est elle même issue du sérail, et a notamment été analyste financière pour Goldman Sachs. J’avais un peu peur de ne rien comprendre à l’aspect financier du roman (il me faut en général une micro seconde pour m’endormir dès qu’on me parle d’économie) mais l’écriture est assez pédagogique pour ne pas décourager le non initié. Et au delà de l’incursion dans le monde de la finance, Cristina Alger nous raconte avant tout l’histoire d’un clan qui se croyait invulnérable. Un (gros) grain de sable vient enrayer la machine, exposant chacun à ses choix personnels et à la possibilité d’une trahison. Les membres de la famille Darling se rendent compte que leur vie, leurs privilèges, leurs certitudes ne sont finalement basés que sur un vide vertigineux. Leurs liens seront ils assez forts pour résister à la vérité, à la vindicte populaire et médiatique?

Il s’agit du premier roman de Cristina Alger mais il est étonnant de maîtrise. J’ai juste regretté que l’on ne passe pas plus de temps avec certains personnages, qui sont très (trop?) nombreux. Mais j’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, et  cette impression très excitante d’être une petite souris que l’on autorise à mettre une patte dans un milieu fascinant et intriguant.

Park Avenue de Cristina Alger, Albin Michel 2013 (en librairie le 1er février), 464 pages, Titre original: The Darlings

Un petit extrait: “Parfois (plus souvent depuis qu’elle connaissait Paul), Merrill se demandait quel genre de femme elle serait devenue si elle n’avait pas grandi à New-York. Elle-même, mais en plus ouverte, en moins circonspecte? En plus rayonnante? En moins sarcastique? Avec leurs griffes acérées, leur cuirasse épaisse et leur étonnante rapidité de mouvement, les filles de Manhattan ressemblaient à des tatous. C’était une nécessité. La vie à Manhattan avait quelque chose de darwinien: Seules les plus fortes survivaient. Les faibles, les gentilles, les naïves, celles qui souriaient aux passants dans la rue se faisaient éliminer. Elles débarquaient à New-York après leurs études, louaient des appartements minuscules dans des quartiers moches comme Hell’s Kitchen ou Murray Hill, travaillaient dans une banque ou un restaurant, passaient des auditions pour décrocher des petits rôles de figurantes à Broadway. Après le boulot, elles retrouvaient des personnes du même âge pour boire un verre dans des bars chics et sans âme, baisaient, se faisaient baiser. Elles sentaient monter en elles l’impatience, la lassitude, le cynisme, l’agressivité, l’angoisse, la névrose. Alors, baissant les bras, elles renonçaient, rentraient la tête basse dans leurs petites villes, dans leur banlieue, leur métropole de second rang (Boston, Washington ou Atlanta) avant d’avoir eu le temps de se reproduire.

Celles qui restaient suffisamment longtemps à New-york pour y élever des enfants, c’était les dures à cuire, les tenaces, les chercheuses d’or, les gagnantes, les impitoyables, les obstinées, celles qui étaient prêtes à tout. Elles savaient se défendre, ne dormaient que d’un oeil. Le fait d’être née à New-York ne suffisait pas à faire de vous une New Yorkaise: c’était dans le sang, comme une hormone ou un virus.”

Challenge New-York
Challenge 50 états, 50 billets (Etat: New-York)
Challenge Petit Bac (Catégorie Lieu)

[Roman YA] Never Sky – Veronica Rossi

Depuis que l’éther a envahi le ciel, la plupart des humains (Les Sédentaires) se sont réfugiés dans de gigantesques capsules totalement coupées du monde extérieur. Seuls quelques irréductibles (les Sauvages) vivent encore dehors. Accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis, une jeune fille de 17 ans, Aria, est expulsée de sa capsule. Seule dans ce monde hostile qu’elle ne connaît pas, elle s’allie avec un Sauvage, Perry,  pour tenter de  retrouver sa mère dont elle est sans nouvelles depuis plusieurs semaines. En aidant Aria, Perry espère quant à lui retrouver son neveu enlevé par les Sédentaires.

Un livre que j’avais gagné il y a quelques mois chez Mélo (un grand merci à elle ainsi qu’aux éditions Nathan), et qui fait partie de mes coups de cœur 2012.

Un monde post-apocalyptique et hostile, deux êtres que tout oppose, une héroïne en danger et un bel inconnu qui vole à son secours, une histoire d’amour intense mais impossible… On retrouve ici pas mal d’éléments communs aux séries de dystopie qui ont envahi les librairies ces derniers mois, mais tout est ici admirablement bien dosé et j’ai trouvé ce premier tome très agréable à lire. Le principal intérêt de ce premier tome est surtout l’opposition entre deux mondes. D’un côté le monde extérieur, ravagé par l’éther, où vit Perry,  de l’autre l’univers futuriste et aseptisé dans lequel vit Aria, où toutes les menaces (les maladies notamment) ont été éradiquées. Les humains vivent désormais dans des cocons ultra-sécurisés et un SmartEye greffé sur l’œil leur permet d’évoluer dans des mondes virtuels qui reproduisent les sensations du monde extérieur et qui leur procurent loisirs et plaisirs.

J’ai beaucoup aimé l’aspect charnel du récit et l’importance donné aux sens:  Certains « sauvages » ont développé leurs sens à l’extrême, la vue, l’odorat ou l’ouie, alors que les sens des Sédentaires se sont émoussés avec le temps et leur fréquentation des mondes virtuels. En se retrouvant à l’extérieur, Aria va donc devoir réapprivoiser son corps, réapprendre à respirer, à sentir, à voir, à toucher… Ce qui va en plus donner une autre dimension à sa relation avec Perry.

Alors que bien souvent dans les romans YA les héroïnes sont rebelles et réfractaires à l’autorité, Aria est plutôt satisfaite de son sort, et c’est bien malgré elle qu’elle va devoir quitter son univers confortable. Perry est lui particulièrement séduisant avec son côté ours mal léché… La rencontre entre Aria et Perry, entre ces deux mondes et deux personnalités radicalement différents, va être intéressante et explosive, même si on se doute que ces deux là vont vite s’apprivoiser. Une belle entrée en matière, j’ai hâte de découvrir la suite (pas avant l’automne prochain malheureusement !)

Never Sky de Veronica Rossi, éditions Nathan 2012, 389 pages/

[Album] Dans les jupes de maman – Carole Fives & Dorothée de Monfreid

Un album qui prend au pied de la lettre l’expression “dans les jupes de sa mère”. Un petit garçon ne veut pas quitter les jupes de sa maman. C’est qu’on y est bien dans ces jupes douces, soyeuses, colorées et qui sentent bons (elles sentent maman quoi!).

Les jupes sont des petits rabats que l’on peut soulever pour y découvrir les activités du petit personnage: on peut  faire plein de choses à l’abri dans une jupe de maman, danser, nager, se déplacer partout avec elle. Et même y inviter des copains comme Mathias, qui pense que vous êtes un bébé.  Mais heureusement les jupes sont équipées d’un toboggan qui permet parfois d’aller jouer à l’extérieur avec les autres enfants. Et si maman y met un peu du sien, l’enfant pourrait même rester dehors un peu plus longtemps!

C’est un joli album sur la difficulté à quitter le giron maternel et à prendre son envol, avec une chute délicieuse. J’ai beaucoup aimé le style graphique et moderne basé sur le noir, le blanc et le rouge, et le côté ludique des rabats. A glisser dans les mains des petits à partir de 3 ans et dans celles de leurs mamans poules.

Dans les jupes de maman de Dorothée de Monfreid (son blog) et Carole Fives, éditions Sarbacane 2012 /