[Roman] La route du Cap – Jennifer McVeigh

Fin du XIXe: A la mort de son père criblé de dettes Frances se retrouve sans ressources et doit accepter la demande en mariage d’un jeune médecin, Edwin, installé en Afrique du Sud. Sur le bateau qui l’emmène vers ce pays inconnu et ce futur mari qu’elle n’aime pas, elle tombe amoureuse du séduisant William Westbrook.

Il m’a fallu un peu de temps pour m’attacher à Frances, jeune femme gâtée et naïve, et William et Edwin, les deux hommes de l’histoire, sont difficiles à cerner. Après un début un peu lent, c’est finalement quand Frances débarque enfin dans son pays d’adoption que je me suis totalement laissée embarquée par cette lecture.  A mille lieux de sa vie londonienne, Frances va découvrir les multiples visages de l’Afrique du Sud, de l’isolement du Veld aux quartiers miteux de la ville de Kimberley, les conditions déplorables de l’exploitation des mines de diamants (avec des ouvriers maintenus dans un quasi-esclavage) et la menace de la variole.

La route du Cap est le très beau portrait d’une femme dont les expériences successives vont forger le caractère. Avant de faire un choix entre le flamboyant William et le discret Edwin, Frances devra d’abord apprendre à se connaître elle-même. C’est un magnifique récit sur la peur et le courage, et surtout l’une des plus jolies histoires d’amour que j’ai pu lire récemment. J’ai dévoré les 300 dernières pages d’une traite, et après avoir tourné la dernière page, j’ai aussitôt regretté de n’avoir pas fait durer le plaisir un peu plus longtemps. C’est je crois le seul roman de Jennifer McVeigh à ce jour mais j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres !

La route du Cap, éditions Le livre de poche mai 2014, 552 pages – 5 étoiles

[Roman] Une héroïne américaine – Bénédicte Jourgeaud

une heroine américaineA la fin de ses études Amelia Earhart, une jeune intellectuelle très réservée, quitte la France sur un coup de tête pour échapper à sa mère un peu envahissante qui n’envisage la vie qu’à travers les romans Harlequin qu’elle traduit. Amelia s’installe au Canada et trouve un poste à l’Université de Toronto. De fil en aiguille elle va être amenée à s’intéresser aux grandes figures mythiques de l’Amérique du Nord, notamment Brownie Wise, qui a popularisé la marque Tupperware dans les années 50 en lançant les fameuses réunions chez les ménagères.

Ce roman a deux particularités, d’abord il a reçu le Prix du livre romantique 2014, ensuite c’est le premier livre français édité par les éditions Charleston.  J’ai beaucoup aimé l’alternance entre la vie d’Amelia Earhart au début des années 90 et celle de Brownie Wise dans les années 50. A priori ces deux femmes sont très différentes mais on finit par leur trouver des points communs, leur singularité et leur désir d’indépendance notamment. Je n’avais jamais entendu parler de Brownie Wise auparavant, et j’ai mis un peu de temps à comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un personnage de fiction. J’ai été vraiment fascinée par le destin de cette femme, par sa volonté de sortir de sa condition, par son énergie, mais aussi par sa chute brutale. A travers Brownie on découvre aussi la difficulté des femmes à s’imposer sur le marché du travail à cette époque et les prémices du féminisme, de manière assez paradoxale puisque la marque Tupperware est plutôt attachée à l’image de la femme au foyer. J’ai aussi beaucoup apprécié la plume de l’auteur, légère et drôle, ce premier roman est vraiment  une excellente surprise!

A lire aussi l’avis des autres lectrices Charleston et l’interview de l’auteur
Vous pouvez aussi feuilleter les premières pages sur Amazon

Editions Charleston mai 2014, 288 pages –Note/4 etoiles

[Roman] Maine – J. Courtney Sullivan

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Veuve depuis quelques années, Alice a eu  3 enfants avec Daniel, dont  Kathleen, divorcée (un sujet épineux dans cette famille catholique d’origine irlandaise), ex-alcoolique, qui élève désormais des vers de terre en Californie, et Patrick qui a épousé Ann-Marie, épouse et mère (presque) parfaite qui est devenue une fille de substitution pour Alice. Depuis la mort du patriarche les liens familiaux se sont distendus, Alice a recommencé à boire pour oublier le drame qui a marqué sa jeunesse, les deux belle-sœurs ne se supportent plus. Avec Maggie, la fille de Kathleen, elles vont se retrouver bien malgré elles  dans leur maison de vacances du Maine pour quelques jours.

Maine est l’entrelacement de 4 portraits de femmes issues de  générations différentes et qui ont bien du mal à se comprendre, elles n’ont pas grand chose en commun si ce n’est d’être des mères (ou une future mère dans le cas de Maggie). C’est la maison du Maine qui va cristalliser les sentiments ambivalents que ces femmes éprouvent les unes pour les autres: à la fois lieu de rassemblement, de souvenirs, de bonheur qui symbolise le lien familial, cette  maison est aussi une incessante source de conflits.

Cet été-là chacune va devoir faire face à ses failles, ses échecs, ses secrets. Kathleen, le vilain petit canard, cherche toujours l’assentiment de sa famille; Ann-Marie ne sait plus vraiment qui elle est et à quoi elle sert depuis que ses enfants ont quitté le nid; Alice est toujours rongée par la culpabilité depuis la mort de sa sœur bien des années auparavant; Maggie vient d’être larguée par son petit ami alors qu’elle est enceinte, et a peur de reproduire les erreurs de sa mère. Chacune rentre facilement dans une case, la grand-mère acariâtre, la femme au foyer parfaite, le canard boiteux, et pourtant il en faut si peu pour faire bouger les lignes de démarcation entre elles…  Maine est un beau roman familial à 4 voix, qui parle de maternité, dans ce qu’elle révèle de notre féminité, avec beaucoup de nuances et de subtilité.

Maine de J. Courtney Sullivan, Le livre de poche 2014 – Note/4 etoiles

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Sorties Poches Mai 2014

Niceville – Carsten Stroud (Points, le 9 mai)

Niceville a tout d’une charmante bourgade, un peu assoupie, du Sud États-Unis. Les apparences sont trompeuses : la ville aux demeures somptueuses est construite près d’un lieu maudit, la Fosse du Cratère. Depuis longtemps, d’inquiétantes et inexplicables disparitions touchent les familles fondatrices. Niceville est née d’un pacte avec des forces démoniaques, le Mal réclame son dû…

Lire mon avis sur ce livre

 

 

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La scène des souvenirs – Kate Morton (Pocket, 7 mai)

La célèbre actrice Laurel Nicolson se rend dans le Suffolk, au chevet de sa mère mourante. En feuilletant un album de famille, la comédienne découvre une photographie qu’elle n’avait encore jamais vue. Datée de 1941, celle-ci montre sa mère aux côtés d’une inconnue – une certaine Vivien, comme Laurel ne tarde pas à l’apprendre. Ce prénom, étrangement familier à ses oreilles, la ramène brusquement cinquante ans en arrière, au cœur d’un après-midi d’été étouffant. L’adolescente rêveuse qu’elle était alors avait assisté à un événement tragique qu’elle avait ensuite tout fait pour oublier. Hantée par ce souvenir, Laurel décide de fouiller dans le passé de sa famille. L’histoire secrète qu’elle exhume la plonge dans Londres, en pleine Seconde Guerre mondiale.

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Un été avec Louise – Laura Moriarty (Pocket, 7 mai)

Août 1922. Louise Brooks a 15 ans. Cette future icône du cinéma muet intègre la prestigieuse école de danse de Denishawn et touche du doigt son rêve : quitter sa ville étriquée du Kansas pour la flamboyante New York. Seule ombre au tableau, ses parents lui imposent une chaperonne, Cora Carlisle. Une femme aux antipodes de Louise, avec le souci des convenances, mais aussi de lourds secrets… Car si Cora se porte volontaire pour accompagner la jeune fille, c’est avant tout pour pouvoir partir sur les traces de son propre passé obscur. Elle n’imaginait pas que préserver la vertu de sa protégée s’avérerait aussi difficile. Louise, avec son air mutin, son petit carré noir soyeux à la frange bien dessinée, attire les regards, elle a soif de liberté et entend bien profiter de cette ville enchanteresse qui foisonne de théâtres, résonne d’un jazz enivrant et fourmille d’hommes. Ces cinq semaines passées ensemble vont changer le cours de leur vie à jamais…

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Coup de foudre à Austenland – Shannon Hale (Pocket, 22 mai)

Jane Hayes est une jeune New-Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession secrète pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l’adaptation de la BBC d’ Orgueil et préjugés. Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n’est à la hauteur de la comparaison. Quand une riche parente lui laisse en héritage un séjour de 3 semaines dans un centre chic pour les Austen-addicts, où l’on peut revivre dans le monde de l’auteur d’ Orgueil et préjugés, les fantasmes de Jane impliquant une rencontre avec un héros tiré tout droit de l’époque de la Régence deviennent un peu trop réels. Cette immersion dans cet Austenland réussira-t-elle à débarrasser Jane de son obsession pour lui permettre de rencontrer un vrai Mr. Darcy ?

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Mémoire d’une nuit d’orage – Nancy Pickard (Pocket, 22 mai)

Un orage s’abat sur la petite ville de Rose, fougueux, dévastateur. Dans cette ambiance électrique, un drame va se nouer qui verra l’assassinat de Hugh-Jay Linder et la disparition de sa femme Laurie. Seule survivante : leur fille Jody, trois ans. Pour le très soudé clan Linder, et pour toute la bourgade, le coupable ne fait aucun doute : Billy Crosby, mauvais garçon notoire. Vingt-trois ans plus tard, le meurtrier présumé sort de prison. Une libération anticipée due aux nombreuses failles du dossier. Pour Jody qui avait pris soin de tenir son tragique passé à distance, c’est toute sa vie qui est de nouveau ébranlée. Mystères, mensonges et jalousies resurgissent ; la ville s’embrase. Pour la jeune femme, l’heure est venue de se confronter à des vérités dérangeantes…

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Les sorcières de North Hampton, tome 1 – Melissa de la Cruz (Le livre de poche, 14 mai)

Joanna Beauchamp vit avec ses filles, Ingrid et Freya, à North Hampton, à la pointe de l’île de Long Island. Elles y mènent une vie en apparence paisible. En réalité, les trois femmes sont de puissantes sorcières. Ressusciter les morts, guérir les blessures et les peines de cœur, prédire l’avenir sont autant de pouvoirs qu’elles n’ont pourtant pas le droit d’utiliser. Jusqu’au jour où Freya, la fille rebelle, emportée dans un dangereux jeu de désir entre deux frères, met son secret en péril. Quand North Hampton devient le théâtre d’événements tragiques, les trois femmes comprennent qu’elles ne pourront plus dissimuler leur vraie nature, tôt ou tard.

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Les roses de Somerset – Leila Meacham (Le livre de poche, 2 mai)

1916, Howbutker, Texas. Lorsque son père meurt, Mary n’a que 16 ans. C’est elle que Vernon Toliver a désignée comme l’unique héritière de sa plantation de coton. A charge pour elle de régler les dettes qu’il laisse et de subvenir aux besoins de sa mère et de son frère aîné, qui s’estiment spoliés. Sans doute Vernon avait-il compris que seule sa fille était animée par la même passion que lui pour le domaine familial. Mais, pour faire vivre les terres de ses ancêtres, Mary devra-t-elle sacrifier son amour pour Percy? Des décennies plus tard, Mary décide de déshériter sa nièce, Rachel, pourtant bien résolue à reprendre sa succession. Leila Meacham renoue avec les codes des grandes sagas historiques pour mieux les réinventer. Traduit dans vingt-cinq pays, ce roman d’amour et de sacrifice a déjà conquis les lectrices du monde entier.

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Secret d’été – Elin Hilderbrand (Le livre de poche, 2 mai)

 Par une chaude soirée de juin, les élèves du lycée de Nantucket se rassemblent sur la plage pour le traditionnel feu de camp de fin d’année. Mais la fête se termine en tragédie : un terrible accident de voiture coûte la vie à la conductrice, Penny, et plonge son frère jumeau, Hobby, dans le coma. Pour Zoe, la mère des victimes, tout s’effondre. Peu à peu, le drame soulève de nombreuses interrogations au sein des familles. Le soir de l’accident, Penny a découvert un secret qui l’a bouleversée… Ce secret risque-t-il d’ébranler le fragile équilibre de l’île ? Un roman captivant sur les liens délicats mais solides d’une famille et d’une communauté.

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La bonne étoile – Esther Freud (Le livre de poche, 7 mai)

Ils se sont rencontrés au très select Drama Arts de Londres et rêvent de devenir des stars. Nell, timide et peu sûre d’elle, Charlie la magnifique, Dan l’ambitieux, Jemma la révoltée : tous croient en leur « bonne étoile ».Mais la réalité sera-t-elle à la hauteur de leurs espérances ? Auditions absurdes, agents injoignables, tapis rouge sans lendemain… Dans un milieu dominé par l’ambition, la vanité et les apparences, ceux qui prennent le chemin de la réussite doivent en payer le prix. Une comédie douce-amère où l’auteur, qui fut elle-même actrice, dépeint avec justesse les splendeurs et misères d’une profession aussi exaltante qu’impitoyable.

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A moi seul bien des personnages – John Irving (Points, 15 mai)

Adolescent ardent et confus, Billy rêve de devenir écrivain. Des béguins secrets pour son beau-père ou ses camarades de classe le bouleversent. Comment lutter contre ces « erreurs d’aiguillage amoureux » ? Il tait aussi son attirance pour Miss Frost, bibliothécaire aux seins juvéniles qui l’initie au plaisir et à la littérature. Quand Billy renoncera-t-il à l’art de la dissimulation ?

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Le fil des souvenirs – Victoria Hislop (Le livre de poche, 7 mai)

1917, Thessalonique. Le jour de la naissance de Dimitris, un terrible incendie détruit la ville. Sa famille doit déménager dans les quartiers populaires. C’est là aussi que viennent s’installer des réfugiés turcs quelques années après. Parmi eux, Katherina. Le destin réunit les deux enfants, l’un héritier d’un empire textile, l’autre couturière prodige. Ensemble, ils seront les témoins d’une Grèce tourmentée, de l’occupation allemande aux révolutions civiles et à la dictature, qui défigureront leur cité autrefois multiethnique et fraternelle. Presque un siècle plus tard, de quels secrets sont-ils les gardiens ? Comment les transmettre avant qu’il ne soit trop tard ? Le temps est venu de dérouler le fil de leurs souvenirs…

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80 notes de jaune – Vina Jackson (Le livre de poche, 7 mai)

Prisonnière d’une relation en demi-teinte, Summer, violoniste passionnée, trouve refuge dans la musique. Elle passe ses après-midi à jouer Vivaldi dans le métro londonien. Un jour, son instrument est détruit et elle reçoit un message d’un admirateur secret. Dominik, séduisant professeur d’université, se propose de lui offrir un violon en échange d’un concert… très privé. Dominik et Summer se jettent alors à corps perdu dans une liaison sulfureuse aussi imprévisible qu’excitante. La jolie violoniste laisse libre cours à des pulsions interdites et s’abandonne enfin à la passion. Elle va bientôt découvrir qu’il n’y a pas de plaisir sans souffrance… Grisante, charnelle et audacieuse, une histoire d’amour qui vous laissera le souffle court.

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Maine – J. Courtney Sullivan (Le livre de poche, 30 avril)

Pourquoi la vie familiale est-elle si compliquée ? Combien de regrets, de secrets, de non-dits se cachent derrière l’ordinaire du quotidien ? Et comment faire quand la moindre conversation déclenche un drame ? Les femmes de la famille Kelleher se posent les mêmes questions, mais chacune y répond à sa façon. Dans leur maison de vacances du Maine, Alice, 80 ans (la grand-mère), Kathleen (sa fille), Maggie (sa petite-fille) et Ann Marie (sa belle-fille) passent un dernier été réunies. Ce sont trois générations qui se retrouvent… pleines de doutes, de culpabilités, de frustrations, mais d’envies aussi. Entre tensions et explications, ce séjour transformera les liens unissant les quatre femmes, et bouleversera leur existence.

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Une dernière chose avant de partir – Jonathan Tropper (10/18, 7 mai)

Drew Silver n’a pas toujours fait les bons choix. Sa gloire éphémère de batteur dans un groupe de rock – qu’un seul et unique tube a propulsé brièvement aux sommets des charts – remonte à près de dix ans. Aujourd’hui, il vit au Versailles, une résidence qui accueille des divorcés un peu paumés, comme lui. Pour gagner sa vie, il a intégré un orchestre spécialisé dans les cérémonies de mariages. Son ex-femme, Denise, est sur le point de se remarier. Et Casey, sa fille qui s’apprête à intégrer Princeton, vient de lui confier qu’elle est enceinte – et ce uniquement parce que de ses deux parents, Silver est celui qu’elle répugne le moins à décevoir. Lorsqu’il apprend que sa vie ne tient plus qu’à un fil et que seule une opération peut le sauver, Silver prend une décision radicale : il refuse l’intervention. Le peu de temps qui lui reste à vivre, il veut le consacrer à renouer avec Casey, à devenir un homme meilleur. Pendant que, sous le regard de sa famille au comble de l’exaspération, Silver bataille ferme avec cette question existentielle, chacun se démène pour recoller les morceaux de cette famille désunie, au risque de l’abîmer davantage encore…

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Je vais mieux – David Foenkinos (Folio)

«Un jour, je me suis réveillé avec une inexplicable douleur dans le dos. Je pensais que cela passerait, mais non. J’ai tout essayé… J’ai été tour à tour inquiet, désespéré, tenté par le paranormal. Ma vie a commencé à partir dans tous les sens. J’ai eu des problèmes au travail, dans mon couple, avec mes parents, avec mes enfants. Je ne savais plus que faire pour aller mieux… Et puis, j’ai fini par comprendre.»

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Comment j’ai appris à lire – Agnès Desarthe (Points, 22 mai)

« Apprendre à lire a été, pour moi, une des choses les plus faciles et les plus difficiles », constate Agnès Desarthe. Comment apprend-on à lire ? Notre désir de lecture peut-il être entravé ? L’écriture peut-elle rendre meilleur lecteur ? Cheminant à travers ses souvenirs, l’écrivain mène une enquête passionnante, puisant au cœur d’un secret : celui de n’avoir pas aimé lire pendant longtemps.

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[Nouvelles] Infidélités – Vita Sackville-West

 

infidélitésVoilà longtemps que j’avais envie de découvrir Vita Sackville-West (romancière anglaise née en 1892 et décédée en 1962, amie de Virginia Woolf), c’est désormais chose faite grâce à ce recueil de nouvelles paru le mois dernier au Livre de Poche. Infidélités regroupe six nouvelles publiées dans différents journaux entre 1922 et 1930.

Le texte qui ouvre ce recueil, Son fils, est celui que j’ai trouvé le plus abouti. Dans son domaine de la campagne anglaise une femme âgée attend avec impatience son fils qu’elle n’a pas revu depuis 5 ans. Il y a tant d’amour dans ses préparatifs entamés de longue date et dans son attente fébrile, tant de fierté envers son enfant, tant d’espoirs d’un avenir partagé… Mais quand le fils prodigue arrive enfin, il se révèle être un personnage odieux et vide, passé maître dans l’art des apparences, qui se fiche bien des attentions de sa mère et ne pense qu’à retrouver sa maîtresse à Londres. Le décalage entre les attentes de la mère et le comportement du fils m’a beaucoup touchée.

J’ai aussi aimé deux autres nouvelles qui ont su me surprendre, Justice dans lequel un homme trompé va imaginer une punition effrayante pour se venger de l’amant de sa femme,  et Fiançailles où une femme se décide enfin à répondre aux avances d’un marin qui la poursuit de ses assiduités depuis de nombreuses années. Mais rien ne va se passer comme elle l’avait prévu…

J’ai été moins séduite par les trois autres textes: Dans Patience un homme se souvient de son grand amour de jeunesse alors que sa femme joue aux cartes près de lui, cette nouvelle m’a laissée un peu sur ma faim; Je n’ai pas compris où voulait en venir l’auteur dans Cet été-là (l’amitié de 4 jeunes gens qui ont l’habitude de passer leurs vacances ensemble va être perturbée par la relation amoureuse de deux d’entre eux); Liberté enfin raconte une relation adultère dans laquelle va s’immiscer le mari de l’amante, là j’ai trouvé le style moins fluide que dans les autres nouvelles, et l’auteur insiste un peu trop lourdement sur  l’idée que peut-être l’amant cache en fait une homosexualité refoulée (en couchant avec la femme, il coucherait en quelque sorte par procuration avec son mari).

Toutes ces nouvelles ont en commun de parler d’amour mais quelque soit sa forme (Amour maternel, adultère, relation triangulaire, voire quadrangulaire) il est ici toujours  associé à une bonne dose de cruauté, sali de petites trahisons, et ne sert finalement qu’à mieux marquer l’infinie solitude de chacun.  J’ai beaucoup aimé la plume fine et élégante de l’auteur, l’association de sentiments atemporels et d’une atmosphère délicieusement surannée. Si toutes les nouvelles de ce recueil ne m’ont pas forcément convaincue, j’ai quand même beaucoup aimé cette première rencontre avec Vita Sackville-West.

Infidélités de Vita Sackville-West, traduction de Micha Venaille, Le livre de poche mars 2013 – Note/4 etoiles