Catégorie : Romans francophones

[Roman] Ma mère du Nord – Jean-Louis Fournier

Ma-mere-du-nordAprès avoir évoqué son père (Il n’a jamais tué personne, mon papa), ses deux fils (Où on va papa?), sa femme (Veuf) et sa fille (La servante du seigneur), Jean-Louis Fournier revient une nouvelle fois avec un récit familial, celui-ci étant consacré à sa mère.  “Elle est la seule que je n’ai pas encore eue dans mon collimateur. Pourquoi maintenant? Parce que je suis vieux. C’est toujours chez leur mère que se réfugient les gangsters après leur dernier coup. Surtout, je voulais garder le meilleur pour la fin”.

Elle n’a pas eu une vie facile, Marie-Thérèse. Restée presque toute sa vie sous la coupe d’une bonne-maman envahissante, elle est poussée dans les bras d’un médecin alcoolique, dans l’espoir fou qu’elle pourra le remettre sur le droit chemin. C’était une femme discrète, hypocondriaque – comme le sont souvent les gens en mal d’amour – et qui rechignait à exprimer ses sentiments. Mais c’était aussi une femme solide, pugnace, indépendante, malgré la forte opposition de son mari (une femme de médecin ça ne travaille pas!), qui s’occupait quasiment seule de ses 4 enfants, et qui a toujours maintenu sa famille à flot malgré les tempêtes. C’était un rocher auquel ses enfants pouvaient s’agripper.

Le livre est une succession d’instantanés, il alterne les souvenirs de l’auteur et les descriptions de photos, invite aussi parfois les petits-enfants à évoquer un souvenir marquant de leur grand-mère.  J’aime beaucoup le style brut de Jean-Louis Fournier,  sans concessions ni fioritures, cette succession de phrases très courtes, comme s’il énonçait juste des faits alors qu’il en dit tant et plus entre les mots, cette ironie grinçante sous laquelle affleurent les sentiments. Il est aussi parfois espiègle, avec ce titre à double sens (Ma mère du Nord évoque à la fois la froideur apparente de sa mère, et le fait qu’elle était originaire d’Arras) et cette métaphore filante autour de la météo marine (Chaque titre de chapitre est rédigé à la manière d’un bulletin météo, “Pour Pas-de Calais, vents variables, la mer sera belleGrand frais en cours sur Pas-de-Calais, etc…). Ma mère du Nord est un livre simple, mélancolique, un récit très personnel mais tout en pudeur. Une lettre d’amour délicate, gorgée de tendresse, et de regrets aussi, d’un fils qui n’a jamais su dire à sa mère à quel point il l’aimait.

L’avis de Laure, celui de Grégoire Delacourt.
Editions Stock (Septembre 2015), 198 pages – Note/4 etoiles

[Roman] L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea – Romain Puertolas (Sortie Poche + Concours)

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Fakir de son état, Ajatashatru Lavash (prononcez J’attache ta charrue la vache) quitte son Inde natale pour 24h, avec pour tout bagage un faux billet de 100€, pour un projet bien précis: aller acheter un lit à clous chez Ikea. Mais alors qu’il avait prévu de passer discrètement la nuit dans le magasin, le voilà enfermé dans une armoire en partance pour l’Angleterre… Et ce ne sera que le début d’un long périple à travers l’Europe: de circonstances malheureuses en situations ubuesques, Ajatashatru va successivement se retrouver en Espagne, en Italie, puis en Lybie…

Le titre promettait une aventure originale, et je n’ai vraiment pas été déçue. Romain Puertolas nous invite à un voyage rocambolesque à travers l’Europe sur les traces de ce fakir haut en couleurs et bigrement attachant, un peu filou, un brin malhonnête mais toujours positif et bien décidé à s’améliorer. Au cours de ses aventures il va rencontrer de multiples personnages, une jolie française, un taxi gitan, un groupe de soudanais clandestins, une actrice du nom de Sophie Morceaux… des rencontres mémorables qui vont changer sa vie et l’obliger à se remettre en question. J’ai passé un excellent moment avec ce livre fin, drôle et enlevé, qui derrière le rire met aussi en avant le sort terrible des clandestins qui cherchent à rejoindre la terre promise européenne. A prescrire d’urgence à tous ceux qui ont besoin d’une dose de bonne humeur.

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Le livre est sorti en poche cette semaine et en partenariat avec Le Livre de Poche, je vous propose de remporter 4 exemplaires de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea!

Pour participer au tirage au sort il suffit de:

  • Laisser un commentaire ci-dessous avant le 31 mars (n’hésitez pas par exemple à me dire ce que vous lisez en ce moment, votre livre préféré, votre dernier coup de cœur… ou vous pouvez aussi souhaiter un bon anniversaire à mon blog qui a fêté ses 10 ans mercredi dernier 😉 )
  • Si vous partagez ce concours sur les réseaux sociaux, vous pouvez laisser un 2ème commentaire.

J’annoncerais les résultats début avril sur ma page Facebook

 

Le livre de poche organise également un grand concours sur Facebook du 20 mars au 2 avril, avec une application interactive personnaliséeFakirisez-vous. N’hésitez pas à tenter votre chance!

[Roman] Une héroïne américaine – Bénédicte Jourgeaud

une heroine américaineA la fin de ses études Amelia Earhart, une jeune intellectuelle très réservée, quitte la France sur un coup de tête pour échapper à sa mère un peu envahissante qui n’envisage la vie qu’à travers les romans Harlequin qu’elle traduit. Amelia s’installe au Canada et trouve un poste à l’Université de Toronto. De fil en aiguille elle va être amenée à s’intéresser aux grandes figures mythiques de l’Amérique du Nord, notamment Brownie Wise, qui a popularisé la marque Tupperware dans les années 50 en lançant les fameuses réunions chez les ménagères.

Ce roman a deux particularités, d’abord il a reçu le Prix du livre romantique 2014, ensuite c’est le premier livre français édité par les éditions Charleston.  J’ai beaucoup aimé l’alternance entre la vie d’Amelia Earhart au début des années 90 et celle de Brownie Wise dans les années 50. A priori ces deux femmes sont très différentes mais on finit par leur trouver des points communs, leur singularité et leur désir d’indépendance notamment. Je n’avais jamais entendu parler de Brownie Wise auparavant, et j’ai mis un peu de temps à comprendre qu’il ne s’agissait pas d’un personnage de fiction. J’ai été vraiment fascinée par le destin de cette femme, par sa volonté de sortir de sa condition, par son énergie, mais aussi par sa chute brutale. A travers Brownie on découvre aussi la difficulté des femmes à s’imposer sur le marché du travail à cette époque et les prémices du féminisme, de manière assez paradoxale puisque la marque Tupperware est plutôt attachée à l’image de la femme au foyer. J’ai aussi beaucoup apprécié la plume de l’auteur, légère et drôle, ce premier roman est vraiment  une excellente surprise!

A lire aussi l’avis des autres lectrices Charleston et l’interview de l’auteur
Vous pouvez aussi feuilleter les premières pages sur Amazon

Editions Charleston mai 2014, 288 pages –Note/4 etoiles

[Recueil de nouvelles] Nouvelles d’ados – Prix Clara 2013

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Créé en 2006 en mémoire de Clara, décédée à 13 ans des suites d’une malformation cardiaque, le Prix Clara récompense  chaque année les lauréats d’un concours de nouvelles réservé aux adolescents de moins de 17 ans. Le jury, présidé par Erik Orsenna, est composé de onze personnalités du monde des lettres et de l’édition. Tous les bénéfices de la vente de ce livre seront versés à l’Association pour la recherche en cardiologie du foetus à l’adulte (ARCFA) de l’hopital Necker – Enfants malades.

Ce recueil est donc composé des six nouvelles sélectionnées pour cette édition 2013, et j’ai vraiment été épatée par la qualité de tous ces textes, même si certains m’ont plus touchée que d’autres selon leurs thèmes.

  • J’ai particulièrement aimé Le rouge d’un champ de coquelicots de Benjamin Joly, l’histoire d’un petit garçon qui rencontre une fillette attendant chaque matin le bus magique qui va l’emmener très loin de chez elle. Un sujet fort traité de façon très douce et délicate.
  • Vim Corpus Tulit est l’histoire choc d’une rencontre entre un médecin et une femme battue, j’ai été époustouflée par le style très maitrisé et par la maturité de l’auteur sur ce sujet délicat.
  • Lavi’s jean d’Eugénie Ribault est sans doute la nouvelle la plus originale puisque le narrateur est un jean, qui nous raconte toutes les étapes de sa vie, de sa fabrication dans des ateliers insalubres d’un lointain pays par des ouvriers malades et exploités à l’armoire d’une petite fille trop gâtée.

Le livre contient 3 autres nouvelles, Hyperbole d’Irène Bertherat (qui dresse le portrait d’un professeur plutôt antipathique, le style m’a fait un peu penser à Amélie Nothomb) Sombre dessin de Marie Bouvier (l’histoire d’un jeune peintre particulièrement doué, mais la chute de l’histoire change toute la perspective du récit) et Tel un martyr d’Elorn Gouasdoué (l’histoire d’un prisonnier placé sous la surveillance d’un gardien menaçant, et là aussi gare à la chute!).

Je vous recommande donc chaudement ce livre, non seulement parce qu’en l’achetant vous participerez à une bonne  action, mais aussi parce que c’est un excellent recueil de nouvelles, tout simplement.

Si vous souhaitez participer à l’édition 2014, vous trouverez toutes les infos sur le blog du Prix Clara.
Nouvelles d’ados, Prix Clara 2013, Editions Héloïse d’Ormesson, 118 pages.

Rentrée littéraire 2013 #2: La cravate, La reine de la baltique, Avoir un corps

2ème partie de mes lectures dans le cadre de l’opération « Rentrée littéraire – lecteurs VIP » du site Entrée Livre (vous pouvez retrouver la 1ère partie ici).

 

la cravate entree livreLa cravate de Milena Michiko Flasar (éditions de l’olivier, août 2013) – Note/4 etoiles

« Dans le parc, il était le seul salaryman. Dans le parc j’étais le seul hikikomori. Quelque chose clochait en nous. Lui aurait du être dans son bureau, dans l’un des grands immeubles; et moi j’aurais du être dans ma chambre, assis entre mes quatre murs. Nous n’aurions pas du nous trouver ici, ou du moins faire comme si c’était notre place ».

Deux japonais se retrouvent chaque jour dans un parc. L’un est un salaryman, un employé d’une cinquantaine d’années qui déballe chaque jour le bento préparé par sa femme à laquelle il n’ose pas avouer qu’il a perdu son emploi. L’autre est un hikikomori, selon un terme japonais qui désigne ces jeunes qui se coupent du monde en s’enfermant pendant des mois. Ces deux hommes vont se confier l’un à l’autre, remonter le fil de leurs vies respectives pour comprendre comment ils en sont arrivés là.  L’un se raccroche désespérément à une promesse faite à sa femme au début de leur mariage, une promesse qui leur a permis de continuer à vivre après une terrible épreuve. Le plus jeune se sent coupable des  tentatives de suicide de deux de ses amis.

J’ai été émue par les confidences de ces deux hommes, par la relation qui se noue entre ces deux solitudes, par l’écho que chacun trouve dans le regard de l’autre malgré leurs différences. Un livre court, très bien écrit, d’une intensité et d’une délicatesse rare, qui m’a beaucoup touché. Avec Daffodil Silver, c’est le titre que j’ai préféré dans cette sélection.

Retrouvez mon avis plus détaillé sur Entrée Livre. C’est aussi un livre voyageur, si vous avez envie qu’il fasse une escale chez vous envoyez moi un petit mail 😉 (Offre réservée aux blogueurs et/ou lecteurs que je connais déjà un peu).
Challenge Petit Bac (Catégorie Objet)
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avoir un corpsAvoir un corps de Brigitte Giraud (Stock, août 2013) – 1 etoile

Un roman qui suit une jeune femme uniquement à travers l’histoire de son corps, ses sensations.  On est ici plutôt dans l’exercice de style, ce qui m’a vite agacée,  et l’écriture m’a rebutée, les paragraphes très courts,  les anecdotes sans intérêt qui s’enchaînent… Ce livre n’est pour moi qu’un collage de sensations qui ne laisse aucune place à l’émotion et au plaisir de lecture.  Le seul livre de la sélection que j’ai fini par abandonner.

Retrouvez mon avis plus détaillé sur Entrée Livre.
Challenge Petit Bac (Catégorie Partie du corps)

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la reine de la baltique entree livreLa reine de la baltique de Viveca Sten (Albin Michel, septembre 2013) – 3 etoiles

En pleine saison touristique le corps d’un homme est retrouvé sur une plage de l’ile de Sandhamn. Est ce un suicide, un accident, un meurtre? Quand une femme est assassinée peu de temps après dans un petit hôtel de l’île, le doute n’est plus permis, il y a un tueur sur l’île.

On suit d’un côté l’enquête menée par Thomas Andreasson, et de l’autre Nora, son amie d’enfance, juriste en vacances sur l’île, mère de deux enfants, qui va jouer bien malgré elle un rôle dans la résolution de l’énigme. J’ai bien aimé cette alternance de deux points de vue différents qui permet d’apporter un certain rythme à l’histoire, ainsi que le décor de ce roman situé à Sandhman, dans l’archipel de Stockholm, où beaucoup de Suédois vont passer leurs vacances. Sinon c’est un polar plutôt classique, agréable à lire mais sans surprise.  A priori il s’agit du premier tome d’une série.

Retrouvez mon avis plus détaillé sur Entrée Livre.
Challenge Petit Bac (Catégorie Lieu)

Avec ces trois titres je dépasse le 1% de cette rentrée littéraire pour le Challenge lancé par Hérisson (j’ai lu 8 titres pour l’instant). En route pour le 2%?