Quand le patron du Balto, le bar de Joigny-les-deux-bouts, est retrouvé mort, tous les habitués de l’établissement sont convoqués au poste de police. Il y a Madame Yeva, mère de famille d’origine arménienne, une belle femme qui doit tout assumer depuis que son mari Jacques est au chomage et ne quitte plus le canapé familial. Ce couple qui passe son temps à se déchirer a deux fils, Yeznig, déficient mental, qui recompte ses dents après chaque repas, et Taniel, qui vient d’être renvoyé du lycée et qui partage son temps entre ses copains et Magalie, sa petite amie blonde. Il y a aussi Ali, qui a récemment déménagé de Marseille, et dont les sentiments pour Magalie mettent en danger son amitié avec Taniel. Tous dressent un portrait peu flatteur du patron du Balto, raciste notoire, mais lequel d’entre eux a été jusqu’à l’assassiner?
Sous ses faux airs de polar, Les gens du Balto est un roman social qui se penche sur la banlieue et ses difficultés quotidiennes, le racisme ordinaire, l’ennui, le chômage… J’avais plutôt aimé les deux précédents romans de Faiza Guene, Kiffe kiffe demain, et Du rêve pour les oufs, et j’ai retrouvé dans ce 3ème roman sa langue spontanée et vivante, pleine de fraîcheur et de jeunesse. Malheureusement ici ça ne suffit pas: La construction est convenue et artificielle (les personnages prennent la parole l’un après l’autre devant le policier chargé de l’enquête), les tentatives d’humour sonnent faux, et tous les personnages sont taillés pour rentrer dans de petites cases (la petite blonde écervelée, cochez 1, le vieux raciste, cochez 2, le jeune de banlieue je-m’en-foutiste et bagarreur, cochez 3…). Il y a aussi sans doute une certaine lassitude face à des thèmes déjà exploités dans ses autres romans. Je suis allée jusqu’au bout en espérant qu’une fin inattendue sauverait l’ensemble mais celle-ci est un peu tirée par les cheveux, voire franchement grotesque. Je suis d’autant plus déçue que j’ai une certaine affection pour cet auteur, et j’espère de tout coeur qu’elle ne finira pas par s’enfermer dans sa propre caricature.
Le livre de poche 2010, 153 pages, 5,50€ (1ère édition Hachette 2008)
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Lu aussi par Papillon, Mika, Angela, Aproposdelivres, Véro, Finette, Marion, Yohan, Michel.