Buchet-Chastel 2008, 241 pages, 18€
Clarabel & Julie ont aimé, Amanda Meyre & Anne-Sophie ont été déçues.
SOLENN DONNIO
Buchet-Chastel 2008, 241 pages, 18€
Clarabel & Julie ont aimé, Amanda Meyre & Anne-Sophie ont été déçues.
Editions du Panama, 272 pages, 18€
Maman me l’avait assez répété, de ne pas parler aux inconnus, de faire attention avec tous ces détraqués qui courent dans la nature mais là, pas une seconde ça ne m’avait traversé l’esprit. A cause de la bonne tête de R. avec sa chevelure d’éponge, sa voiture brillante, la jolie chatte à 3 couleurs dans la petite caisse, l’orage dément qui me coulait dessus et surtout – surtout – à cause de Stanislas.
Madison, 11 ans, est enlevée par R. à la sortie de l’école, et séquestrée dans une cave. Sur le cahier
qu’elle a réussi à obtenir de son ravisseur elle raconte le tour qu’a pris sa vie depuis Le-jour-de-la-Volvo-noire. Deux voix se mêlent à celle de Madison pour évoquer la disparition de la petite fille : Celle de Léonore, sa mère, persuadée que sa fille est toujours vivante et qui continue à lui écrire des lettres, et celle de Stanislas, le prof de tennis dont Madison est amoureuse. Monté à Paris après le drame, il tombe sous le charme de la belle et insaisissable Louison.
Le sujet peut effrayer de prime abord, Delphine Bertholon s’inspirant d’un fait divers qui avait bouleversé l’europe il y a deux ans. Mais ici le romanesque et la sensibilité l’emportent largement sur le sordide et le sensationnel. Le personnage de Madison, en dépit de son enfermement, reste une pré-adolescente pleine d’énergie et d’humour! Entre fausse soumission et rébellion, entre colère et attachement, elle raconte dans ses précieux cahiers le lien étrange qui la lie à son ravisseur, mais aussi l’adolescence et les changements de son corps qu’elle doit affronter seule, ou l’écriture qui l’empêche de devenir folle. Delphine Bertholon passe avec beaucoup d’aisance d’un personnage à l’autre, Stanislas évoquant sa relation avec Louison, et les lettres de Léonore à sa fille enrichissent très délicatement le point de vue de Madison. Twist est un roman sur l’absence et sur l’espoir, une histoire d’amour(s) qui explore tout ce que ce sentiment peut parfois avoir d’insensé, d’absurde ou de cruel. La première bonne surprise de cette rentrée !
JC Lattès 2008, 429 pages, 18€
Un quai de gare, une chambre d’hôtel, Gabriel semble n’être que de passage dans cette petite ville bretonne. Pourtant il s’attarde, et trouve rapidement sa place parmi les habitants: Il épaule un patron de restaurant désemparé depuis l’hospitalisation de sa femme, fait tourner la tête de la jolie réceptionniste de l’hôtel, dépanne un couple de junkies… Bienveillant, serviable, toujours à l’écoute, mais quel secret peut donc bien cacher Gabriel, à quoi a-t-il voulu échapper en se réfugiant ici ?
Si Gabriel reste le pivot du groupe, le roman se concentre surtout sur ses compagnons rencontrés au fil du hasard, sur cette petite bande de personnages hétéroclites qu’il a fédéré autour de lui. Gabriel, lui, restera insaisissable jusqu’aux toutes dernières pages, jusqu’au coup-de-poing final. On comprend rapidement que son masque impassible cache quelque chose mais l’auteur sait jouer avec notre attente, entre sous-entendus feutrés et flashbacks mystérieux, et il crée ainsi une atmosphère étrange, teintée d’angoisse diffuse. J’ai beaucoup aimé la fausse légèreté de ce roman, dans l’histoire comme dans le style, cette façon d’évoquer le désespoir avec dérision qui m’a rappelé d’autres auteurs français que j’affectionne, Joël Egloff, Pascal Morin ou encore Laurent Graff… “La théorie du panda” est un roman troublant, qui m’a donné très envie de découvrir les précédents titres de Pascal Garnier!
Zulma 2008, 174 pages, 16,50€
Lu et aimé par Clarabel, Gambadou, Laurent, Laure, Sylire…
Charles Balanda est architecte, voyage beaucoup, se noie dans le travail pour éviter de croiser sa compagne Laurence dans leur appartement parisien, pour oublier qu’elle
s’éloigne de lui inexorablement. Malgré ses problèmes de couple, il tente au quotidien de maintenir un lien privilégié avec Mathilde, sa belle-fille adolescente. Mais alors qu’il rend visite
à ses parents, il trouve une lettre de son ami d’enfance, Alexis, l’informant de la mort de sa mère, Anouk. La nouvelle lui fait l’effet d’un electrochoc et sans qu’il comprenne d’abord bien
pourquoi, l’univers de Charles s’écroule. Pour tenter de se reconstruire il part sur les traces de son passé, à la recherche d’Anouk et Alexis.
Pas de doute, nous sommes bien chez Gavalda, Charles est un personnage cassé, complexe et attachant, et tout est affaire de sentiments, amour et
amitié, deuil et retrouvailles, désirs et tendresse, ruptures et pardon s’entrelacent au fil des pages… Sans doute cela suffira t-il pour faire de ce roman un nouveau succès populaire (avec un
premier tirage à 300 000 exemplaires !). Pourtant si l’on retrouve bien la patte de Gavalda, il n’y a pas dans La consolante, l’étincelle, l’alchimie qui faisaient le charme et la
magie d’Ensemble c’est tout. Dès les premières pages j’ai bien senti que la sauce ne prendrait pas : le style est horripilant (une collection de phrases sans sujets! *), l’auteur
nous fait mariner en multipliant les non-dits, repousse longtemps le moment où le personnage principal va se résoudre à affronter ses souvenirs. On a ensuite du mal à suivre Charles sur sa route
tortueuse, et on ne comprend pas toujours les chemins qu’il emprunte. Le récit manque de rythme et de densité, c’est long long long, on tourne en rond, on s’ennuie, on s’impatiente… Anna Gavalda
a vraiment beaucoup de talent pour composer des personnages (celui de Nounou aurait mérité un roman à lui tout seul), mais malgré l’attachement que j’ai pu éprouver pour Charles, elle a sans
doute vu un peu grand en lui consacrant 640 pages!
* Extrait (p. 105): “Prit une longue bouffée d’air pour expirer sa colère, chercha un siège libre, ferma son livre, remit les deux empereurs et
leur demi-million de morts chacun au fond de son cartable et sortit ses dossiers. Consulta sa montre, y ajouta deux heures, tomba sur une boîte vocale et se remit à jurer en anglais. Good
lord, s’en donna à cœur joie. Ce fucking bastard ne l’écouterait pas jusqu’au bout de toute façon”
Le dilettante 2008, 640 pages, 24,50€